Cet article est la suite des articles précédents ( Implication corporelle et coaching de vie 1 et 2). Voir blog Ecol’COACH.
Les thèmes clefs abordés dans cet article sont les suivants : Revenir à soi, en soi, à sa Source Originelle – Être avec son corps, le corps que l’on est – Être « un » avec son corps – Le questionnement ouvert du coach de vie.
Question : « Être, cela est juste » avez-vous dit …
Réponse : Oui, « être » c’est revenir à la Source. Revenir à soi, en soi, c’est se dépouiller de ce qui n’est plus nécessaire, c’est renoncer à des pensées répétitives donc sclérosantes, et c’est se situer là où tout s’origine. Là où l’occasion d’être disponible et réceptif se déploie. Revenir à la Source initie un regard tourné à l’intérieur de soi, un regard d’accueil et d’acceptation de ce qui est, en soi et autour de soi.
Q : Est-ce une façon de s’isoler, de prendre ses distances ?
R : Au contraire ! Revenir à soi, en soi, est une façon « libérée » de se trouver et de se relier de manière renouvelée aux autres. Et non seulement se relier à ce qui nous entoure mais aussi se sentir solidaire du vivant qui, en permanence, se manifeste. Certes, revenir à soi peut rester un concept. Aussi est-il nécessaire de l’incarner… Dans une relation d’accompagnement par le coaching de vie par exemple, « revenir à la Source » c’est participer et contribuer aux interactions constantes entre soi et ce qui se manifeste de vivant, de créatif et d’innovant à chaque instant qui passe. C’est en quelque sorte ramener de l’essentiel dans le quotidien afin que celui-ci soit aussi vrai et authentique que possible. « Revenir à soi, en soi » pour réactualiser le lien qui nous oblige dans le sens éthique du mot, les uns et les autres, à participer à une humanisation des rapports avec l’extérieur. Et « revenir à soi » est une nécessité vitale, tant pour l’accompagnant que pour l’accompagné.
Q : Pour l’accompagnant, « revenir à soi, en soi » contribue à une qualité de la posture. Mais pour l’accompagné, qu’en est-il ?
R : Pour l’accompagné, « revenir à soi, en soi, à sa Source », c’est se relier à ce qui est le plus authentique en lui. Là où se situe le mouvement originel de toute chose. Avant même qu’une pensée, qu’un comportement et qu’un acte se constituent, il existe un état latent à toute chose. Là où ça s’oriente différemment, là où ça se pose autrement, là où ça prend forme diversement, là où ça devient possible. Ou tout devient (enfin) possible ! C’est revenir au centre de sa vie pour que celle-ci devienne existence…
Q : Mais comment amener l’accompagné dans cet espace-là ?
R : Il ne s’agit pas de l’amener dans cet espace. Je rappelle que chaque individu dispose de cet espace intérieur, de cette Source Originelle où tout devient possible. Y compris pour trouver des réponses à une demande et à des questionnements ! Mais nous pouvons nous demander pourquoi il n’y va pas tout seul dans cet espace ? Peut-être parce que l’accès à cet espace est encombré d’empêchements divers, de méconnaissances… Peut-être aussi que cheminer vers cette Source Originelle n’est pas sans conséquence dans des relations et des situations présentes… Peut-être aussi que ce parcours de connaissance de soi demande une énergie particulière, une motivation spécifique. Peut-être aussi que jusqu’à présent cela n’a pas été le moment adéquat pour entreprendre cette traversée… Et peut-être aussi que la personne n’avait pas rencontré jusqu’alors l’homme ou la femme coach de vie avec qui ce voyage puisse devenir possible !!! Et enfin et surtout, disposait-il d’un environnement d’accompagnement adéquat, un cadre sécurisant, un relationnel bienveillant, sans intention, sans jugement et suffisamment compassionnel pour avancer, cheminer et grandir, sans être jugé, influencé, guidé ?
Q : Quel est le rôle de l’accompagnant dans ce processus ?
R : Clairement, l’accompagnant coach de vie endosse le rôle d’un facilitateur. Nous l’avons déjà évoqué précédemment, un accompagnant n’est ni un conseiller, ni un aidant, ni un soignant, ni un psy, etc. Il accompagne seulement si je puis dire… Et il pose des questions ouvertes, allusives, non orientées, et ce afin d’accompagner le mouvement du client sans le piloter.
Q : Des exemples de questions ouvertes et allusives ?
R : « Que ressentez-vous en évoquant cette situation ? Que se passe-t-il ? Où en êtes-vous ? Quand vous racontez cet évènement, comment votre corps réagit-il ? Qu’est-ce qui est juste pour vous ? De quoi avez-vous besoin ? Quel lien faîtes-vous ? Et alors… Et maintenant… Qu’est-ce qui se présente à vous ? Qu’est-ce qui est essentiel ? Vital ? » Et la liste est longue !
Q : Dans la façon dont vous posez les questions, vous questionnez sans vouloir quelque chose…
R : Exactement, et cela se traduit par une tonalité, par un questionnement sans attente, sans intention. Les questions sont posées dans le sens de maintenir un lien, de faciliter pour l’accompagné un retour à soi. C’est un « questionnement réfléchissant » que j’appelle aussi un « questionnement miroir ». Ce questionnement ne dit rien en particulier, il n’oriente pas au niveau des réponses. Il ne se saisit de rien. Il renvoie l’accompagné à lui-même : à son corps, à ses ressentis, à ses perceptions, à ce qui lui semble juste et aligné. Seul le corps sait, dit-on. Alors seul l’accompagné est en mesure de (re)trouver l’accès et le chemin de sa Source. D’ailleurs, c’est peut-être cela que l’on nomme le chemin initiatique…
Q : Vous invitez l’accompagné à penser avec son corps…
R : Pas seulement penser avec son corps, mais à être avec son corps, voire à être son corps, le corps qu’il est ! Être vraiment là, et autant que possible, être « un » avec son corps. Présent dans, avec et grâce à son corps. J’insiste pour rappeler que la seule expérience réelle est corporelle et c’est celle de l’accompagné ! Et dans ce présent là, ce présent corporel, il y a des mouvements, des flux émotionnels, sensoriels, énergétiques, psychiques. Ces flux renseignent la personne sur sa situation corporelle globale. Et le corps s’adapte en permanence afin de retrouver un équilibre à la suite d’un flux, puis d’un autre et ainsi de suite. Le corps est traversé constamment par des mouvements, des interactions, des pressions, et parallèlement il ne cesse de se réactualiser à chaque instant, plus ou moins aisément d’ailleurs. Et dans ce brouillamini permanent, le besoin de paix, de contenant et de sens devient vital. Revenir à son corps sans courir sans cesse après ce qui surgit dans l’instant et se donner du temps, de la hauteur et de « l’enracinement » est une phase importante de l’accompagnement. Que dit le corps ? Comment communique-t-il ? De quoi a-t-il besoin là, ici et maintenant ? L’étape de la demande (manque-à-être) au besoin d’être est crucial. Le questionnement ouvert et allusif, c’est-à-dire non explicite, est important afin que l’accompagné puisse renouer avec lui-même librement, selon son rythme et ses priorités, et il faut le dire et le redire, ceux-ci ne sont jamais ceux de l’accompagnant.
Q : En somme, vous lui donnez la possibilité de se retrouver…
R : Je ne lui donne pas cette possibilité. Il a déjà en lui cette possibilité. En fait, et c’est son libre-arbitre, il s’en saisi ou pas ! Il dispose d’un cadre référentiel dans lequel il trouve des éléments constituants pour explorer qui il est, la façon dont il répond et agit aux évènements, et j’insiste sur le fait que c’est l’accompagné qui a choisi d’être coaché dans ce contexte clairement énoncé par le professionnel au premier contact. Il sait dans quel dispositif il va évoluer. Il a entendu aussi quelle était la visée intentionnelle du coaching de vie : celle de le recevoir tel qu’il est, de l’accueillir là où il en est et de l’accompagner là où ses besoins profonds l’orientent. Et pour le coach, d’être là, ici et maintenant à ses côtés, de façon inconditionnelle, tant que l’accompagné en ressent la nécessité. Ce dernier est considéré comme adulte, auteur et acteur de sa vie. Rien de plus, rien de moins !! L’accompagné, en acceptant et en disant oui à ce coaching de vie, remet en question son comportement ordinaire et il s’offre la liberté, les moyens, l’opportunité de s’éveiller à d’autres perceptions, d’autres horizons, et peut-être à d’autres vérités qui lui appartiennent.
Q : D’accord mais je suppose qu’un certain nombre de futurs accompagnés viennent vous voir avec « une tempête dans le crâne » ! Et ils sont tendus vers un but, celui d’aller mieux ou de trouver rapidement une réponse à un inconfort qui se fait de plus en plus envahissant.
R : Certes, ils viennent avec ce qu’ils choisissent de raconter. C’est leur droit le plus légitime. Ils déposent leur demande, leur sac-à-dos bien lourd. Ce « manque-à-être », symbolisé par la demande souvent véhémente d’ailleurs, est puissant puisqu’il les a amenés jusqu’ici. La demande dont la formulation est soigneusement préparée, répétée, a joué son rôle : celui de provoquer une rencontre avec un professionnel de l’accompagnement. D’une certaine façon, je dis « ça c’est fait ! » non sans accorder à la demande un grand respect. Mais, maintenant, l’important est de questionner le besoin, le « besoin d’être », ce qui est à l’origine même de la demande. Et cela passe bien évidemment par le corps dans sa globalité. Même si jusqu’à présent, seule la demande a été audible, le corps entier bouge, avance, se prépare à quelque chose. En remontant le cours de la rivière, c’est-à-dire de la demande au besoin, tôt ou tard, le questionnement ouvert et allusif résonnera proche de la Source.
Q : Et alors…
R : Bravo ! Vous questionnez comme un coach ! (Rires…) Et alors ? Eh bien, plus l’accompagné se rapproche de sa Source, plus il devient réceptif, sensible à d’autres priorités, à d’autres valeurs parfois. De nombreuses expressions verbales se manifestent alors : « Je me reconnais » ou bien « je prends conscience que je me suis oublié » ou encore « ces valeurs ont du sens et je les ai laissées sur le bas-côté de ma route ces dernières années », « l’objet de ma demande initiale est caduc. En revanche, je perçois clairement un besoin vital et c’est celui-ci que je veux réaliser » etc. Des émotions joyeuses ou tristes également surgissent. Des manifestations corporelles : toux, déglutitions, fortes respirations, chaleur dans le corps ou des frissons, les mains moites et la gorge serrée, des étourdissements parfois, bref, ça bouge ! Se rapprocher de sa Source peut être tout à la fois paisible et bousculant. Une constatation s’impose : être accompagné s’ouvre sur une découverte (ou redécouverte) de soi-même, de ses valeurs fondatrices, ce qui a du sens au plus profond de son Être. Et pour chacune des personnes accompagnées, cela n’a jamais été aussi juste pour elles !
Q : Et l’accompagnant dans cette proximité ?
R : Seule la manière d’être est importante. L’accompagnant est le témoin-silencieux-respectueux d’une histoire qui n’est pas la sienne. Cependant, un homme ou une femme l’a choisi pour qu’il soit précisément le témoin d’un avènement, d’une réalisation voire d’un accomplissement. Il se doit d’être là, infiniment présent, bien sûr sans jugement, sans attente, sans intention, uniquement présent à ce qui est, sans regretter d’être seulement là ! Ce qui se passe pour l’accompagné est tout à la fois simple et merveilleux (1) : la découverte, la réalisation et l’incarnation de ce qu’il a toujours été.
Et être, c’est juste !
Roger DAULIN Superviseur coach de vie
- Merveilleux dans le sens développé par Platon : se délivrer de l’ignorance et de s’interroger sur le sens de l’existence.
A retenir :
- Être, c’est revenir à sa Source, revenir à soi, en soi. C’est se situer d’une manière libérée dans ce qui est juste pour soi, en soi, dans la relation à l’autre, aux autres, et dans le lien avec le monde environnant.
- L’accompagnant coach de vie incarne une posture « réfléchissante », une posture « miroir ». Le questionnement qui en découle « ne dit rien en particulier ». Il n’oriente pas, ne conseille pas, ne guide pas, n’assiste pas…
- Ce questionnement « miroir » renvoie l’accompagné à lui-même, à son corps, à ses ressentis, à ses perceptions, à ce qui lui semble juste et aligné.
- Ce qui se passe pour l’accompagné est à la fois simple et merveilleux : il se découvre ou se redécouvre, se réalise pleinement et incarne (enfin ?) ce qu’il a toujours été, avec ses valeurs et sa spécificité.
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